patinage artistique
Peut-être avez-vous vu Léon Zitrone commenter quelques épreuves de patinage à l'occasion de Jeux d'hiver mais pour ma part, c'est lorsque j'étais gamin que j'ai découvert ce sport, il y a 20 ans...
A cette époque, c'était TF1 qui diffusait le patinage. Il faut dire que la programmation était intelligente: le jeudi ou le vendredi soir pour émouvoir la ménagère, le dimanche à 18H après Disney Parade pour faire rêver les enfants. Chez moi, le dimanche avant le dîner, c'était Stade 2 sauf s'il y avait du patinage sur la Une... ce qui arrivait 1 fois sur 3 entre octobre et mars!
Souvent, c'était les galas qui étaient diffusés à ce moment-là et c'était toujours magique de voir ces couples(russes pour la plupart), ces patineuses(très jeunes et souvent américaines) et ces patineurs(Candeloro qui faisait son show!!! ) virevolter dans la pénombre. Roger Zabel, habitué des grandes soirées foot de TF1, était le commentateur attitré du patinage sur cette chaîne et il faisait largement l'affaire. C'était une époque ou le patinage faisait recette, les audiences télé étaient très fortes tant en Amérique qu'en Europe(boostées par les jeux de 1994) et TF1 a voulu exploiter le filon. Hélas pour eux, le public a fini par se lasser et par bouder le patinage si bien que les retransmissions ont été refilées à France Télévisions(avec les commentaires de Monfort et de Candeloro... on perd au change! ). Si on peut faire le reproche aux chaînes publiques de ne pas diffuser assez de patinage(comment fidéliser un public si on ne suit pas les champions au fil de la saison?), TF1 a pêché par l'excès inverse: une saturation de compétitions de patinage à 20H50(diffuser le trophée Lalique le samedi soir, c'est comme diffuser Paris-Nice, un RCT-ASM de rugby ou une demie-finale du tournoi de Paris-Bercy de tennis en prime... on ne donne pas à boire à un âne qui ne veut pas boire! ). Ils en ont déduit que le public ne voulait plus du patinage alors qu'il ne voulait surtout pas qu'on lui inflige des compétitions secondaires à l'heure des variétés!
Bonaly, Candeloro, Anissina-Pezerat, Abitbol-Bernadis... voilà des champions qui n'ont pas forcément toujours gagné mais qui ont fait vibrer des millions de téléspectateurs dans les années 90... et des gamins comme moi! Plus tard, Joubert, Péchalat-Bourzat ont dignement représenté la France dans les compétitions internationales et ont parfois remporté des titres. Un regret: le manque de médailles olympiques depuis 2002...
Un manque qui pourrait être comblé prochainement! Demain, les championnats d'Europe débutent à Bratislava. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de suspense chez les hommes tant Javier Fernandez domine ses rivaux européens. Il s'agira de la dernière compétition internationale du français Florent Amodio, seulement âgé de 25 ans(comme moi!), champion d'Europe en 2011 mais qui n'a plus le niveau pour figurer dans le top 5 continental. Il voudra certainement terminer en beauté sa carrière.
Les russes devraient se tailler la part du lion chez les filles(les patineuses françaises peinent à se faire un nom dans les compétitions internationales et ça fait des années que ça dure!) et chez les couples(Vanessa James et Morgan Ciprès figureront certainement dans le top 5 européen mais monter le podium sera trop difficile).
Les yeux seront braqués sur la compétition de danse sur glace avec les jeunes danseurs français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, déjà champions d'Europe et du Monde en titre, qui vont tenter de défendre leur bien. Leurs principaux rivaux seront italiens et auront un avantage sur leurs homologues français: ils ont déjà eu l'occasion de présenter leurs programmes court et libre à l'automne aux juges internationaux. En effet, la saison des danseurs français a été retardée par une blessure l'an dernier de Papadakis si bien qu'ils n'ont pu reprendre la compétition qu'en décembre, lors des championnats de France... ce qui ne les a pas empêchés de conserver leur titre national. A mon sens, malgré leur talent et leur bonne condition physique, le fait de ne disputer que cette semaine leur première compétition internationale de la saison risque d'hypothéquer leurs chances car leurs programmes seront sans doute perfectibles. Dans le cas contraire, ils pourront aborder avec sérénité les championnats du monde en mars à Boston avec l'étiquette de favoris. Si tout se passe bien(pas de grossesse, de blessure ou d'autres impondérables), ils constitueront la meilleure chance française de médaille(je n'ose parler de titre tant cet objectif est difficile à atteindre et à programmer) en patinage artistique aux prochains jeux d'hiver en 2018. De ce fait, l'année qui s'ouvre sera décisive car nous saurons si le duo Papadakis-Cizeron n'était qu'un feu de paille ou bien une vraie lueur d'espoir pour le patinage tricolore...